Archives de catégorie : Belles histoires

La corde invisible

 Un paysan se rend au marché avec trois de ses ânes pour vendre sa récolte.
La ville est loin, au moins trois jours de marche. Le premier soir, il s’arrête pour bivouaquer à proximité de la maison d’un vieil ermite.

Au moment d’attacher son troisième âne, il réalise qu’il lui manque une corde.

« Il faut absolument que j’attache mon âne se dit-il, sinon demain, il se sera sauvé dans la montagne ! »

Après avoir solidement attaché les deux autres, Il monte sur son âne et se dirige vers la maison du vieil ermite. Arrivé, il demande au vieil homme s’il n’aurait pas une corde à lui donner. L’ermite ne possède rien car il a depuis longtemps fait vœux de pauvreté et n’a donc pas la moindre corde. Il s’adressa alors au paysan et lui dit : “Retourne à ton campement et comme chaque jour fais le geste de passer une corde autour du cou de ton âne et n’oublie pas de faire comme si tu l’attachais à un arbre.” Et n’ayant pas d’autre solution, le paysan fait exactement ce que lui conseille le vieil homme.

Le lendemain dès qu’il se réveille, le premier regard du paysan est pour son âne. Il est soulagé de voir qu’il est toujours là !

Après avoir chargé les 3 ânes, il décide de se mettre en route, mais là surprise, le troisième âne, celui qui n’avait pas été attaché pendant la nuit refuse de bouger. Le paysan a beau tirer sur son âne, le pousser, rien n’y fait.. L’âne refuse de bouger d’un pouce.

Désespéré, le paysan retourne voir l’ermite et lui raconte sa mésaventure.

« As-tu pensé à enlever la corde ? » lui demanda l’ermite ?

« Mais il n’y a pas de corde ! » répondit le paysan.

« Pour toi oui, mais pour l’âne… » Le paysan retourne au campement et d’un ample mouvement, il mime le geste de retirer la corde du cou de l’âne et de l’arbre. L’âne le suit alors sans aucune résistance.

Ne nous moquons pas de cet âne ! Nous oublions que nous sommes également prisonniers de nos habitudes de penser, de ressentir, de faire, ou parfois même, esclaves de nos croyances ! Demandons-nous quelle corde invisible nous empêche de progresser vers la réalisation de nos objectifs.

Le jeune roi assoiffé de connaissance

Voici un superbe conte tibétain plein de sagesse et de vérité, emprunté au blog de Frédéric Gomez :

Toute la connaissance du monde« Un vieux roi vient de mourir. Son fils unique monte sur le trône pour lui succéder. Conscient de son ignorance, il convoque les hommes les plus savants du royaume. Il leur demande de voyager à travers le monde pour rapporter toute la science et toute la sagesse connue à cette époque.

Ils reviennent seize ans plus tard chargés de livres de toutes langues. Le roi réalise qu’une seule vie ne pourrait lui suffire pour tout lire, tout apprendre, tout comprendre. Il demande donc aux érudits de lire ces livres à sa place, puis d’en tirer l’essentiel et de rédiger pour chaque science un ouvrage accessible.

Seize années passent encore avant que les savants constituent pour le roi une bibliothèque faite des seuls résumés de toute la science et de toute la sagesse humaine.

Le roi devenu vieux comprend qu’il n’aura pas le temps de lire et d’intégrer tous ces ouvrages. Il prie donc les savants d’écrire un article par science, en allant à l’essentiel.

Huit années passent. Fatigué et malade, le roi demande à chacun de résumer rapidement son article en une seule phrase. Quatre années furent encore nécessaires pour cette tâche.

A la fin, un seul livre est écrit qui contient une seule phrase sur chacune des sciences et des sagesses du monde.

Au vieux conseiller qui lui apporte l’ouvrage, le roi mourant murmure : « Donne-moi une seule phrase qui résume tout ce savoir, toute cette sagesse. Juste une seule phrase avant que je ne meure ! »

Sire, dit le conseiller, toute la sagesse du monde tient en deux mots : « Vivre l’instant ».

Les deux faces de la médaille

le cheval, le fermier et les deux revers de la médailleNous avons tous plus ou moins tendance à réagir spontanément à un événement qui nous concerne. Nous avons très vite la sensation qu’il est « bon » ou « mauvais » pour nous et nous nous réjouissons ou nous lamentons sans tarder. C’est très humain tout ça ! Et nous oublions presque toujours que, de la même manière qu’une médaille a deux faces, un événement peut être négatif ou positif (ou un peu des deux…). En fait, tout dépend du contexte.

Une ancienne légende taoïste chinoise illustre parfaitement cette réalité. La première fois que je l’ai rencontrée, c’était en préface d’un bouquin écrit en 1982 par Richard Bandler et John Grinder, les inventeurs de la PNL, la Programmation Neuro-Linguistique. Cet ouvrage majeur sur le recadrage, publié en version originale sous le titre « Reframing – Neuro-Linguistic Programming and the Transformation on Meaning », est à lui seul un outil magique pour résoudre bien des problématiques amenées en thérapie. Bon, mais là n’est pas le sujet de ce post…

Donc, cette vieille légende raconte l’histoire d’un fermier qui vivait dans un pauvre village reculé. Les gens le trouvaient fortuné et l’enviaient un peu car il possédait un cheval qu’il utilisait pour les labours et le transport. Un jour, son cheval s’est enfui. Tous les voisins ont déploré le désastre que cela représentait, mais le fermier s’est contenté de dire : « Peut-être… »

Quelques jours plus tard, le cheval est revenu dans son enclos, ramenant avec lui deux chevaux sauvages. Les voisins se sont réjouis de cette chance incroyable mais le fermier s’est encore contenté de dire : « Peut-être… »

Le lendemain, le fils du fermier a essayé de dresser l’un des deux chevaux sauvages mais celui-ci l’a éjecté d’une ruade et le fils, mal tombé, s’est cassé la jambe. Les voisins compatissants ont tous exprimé leurs condoléances face à ce mauvais sort mais le fermier s’est à nouveau contenté de dire : « Peut-être… »

La semaine suivante, le pays est entré en guerre et des soldats sont venus enrôler de force les jeunes du village. Mais ils ont réformé le fils du fermier à cause de sa jambe cassée. Aux voisins qui s’extasiaient devant une telle chance, le fermier s’est une nouvelle fois contenté de dire : « Peut-être… »

Combien de fois un « événement malheureux » dans votre vie a-t-il généré une belle rencontre, un nouveau départ, une découverte, une compréhension ?…

Y a-t-il une vie après la naissance ?

Mère et son mondeDeux bébés se partageaient le ventre d’une femme enceinte. L’un demanda : « Crois-tu en la vie après l’accouchement ? ». L’autre répondit : « Pourquoi ? Bien sûr, il doit y avoir quelque chose après le passage. Peut-être que nous sommes ici pour nous préparer à ce que nous serons plus tard. » « Absurde ! répond le premier. Il n’y a pas de vie après l’accouchement. Quel genre de vie ce serait ? »

Le deuxième dit : « Je ne sais pas, mais il y aura plus de lumière qu’ici. Peut-être pourrons-nous nous promener sur nos deux jambes et manger avec notre bouche… Peut-être que nous possèderons d’autres sens que nous ne comprenons pas maintenant. »

Le premier reprit : « C’est absurde, la marche est impossible. Et manger avec notre bouche ? Ridicule ! Le cordon ombilical fournit notre nourriture et tout ce dont nous avons besoin. Mais le cordon est court. Du coup, une vie après l’accouchement ne peut qu’être logiquement exclue. »

Le second a insisté : « Eh bien moi, je pense qu’il y a quelque chose et que c’est sans doute différent d’ici. Peut-être que tu n’auras plus besoin de ce cordon physique. »

Le premier répliqua : « ça aussi c’est absurde ! D’ailleurs s’il y avait une vie après, pourquoi personne n’est jamais revenu de là-bas ? L’accouchement est la fin de la vie, c’est comme ça. Et après, il n’y a rien que l’obscurité, le silence et l’oubli. Cela ne mène nulle part. » « Je ne sais pas, dit le second. Je crois que nous allons rencontrer Mère et qu’elle prendra soin de nous. »

Le premier a répondu : « Mère ! Tu crois réellement en Mère ? C’est risible. Si Mère existe, alors où est-elle maintenant ? »

Le second enchaina : « Elle est tout autour de nous. Nous sommes entourés par elle. Nous faisons partie d’elle. C’est en elle que nous vivons. Sans elle, ce monde ne serait pas et ne pourrait pas exister. »

Le premier déclara : « Eh bien je ne la vois pas, Elle. Donc il est logique qu’elle n’existe pas. »

Ce à quoi le second répondit : « Parfois, lorsque tu es dans le silence et que tu te concentres, que tu écoutes vraiment, tu peux percevoir sa présence et tu peux entendre sa voix aimante nous parlant depuis là-haut… »

Adaptation d’Útmutató un Léleknek, après un texte original de Pablo J.Luis MOLINERO

Le vieux maître samouraï

Près de Tokyo vivait un grand samouraï, déjà âgé, qui se consacrait désormais à enseigner le bouddhisme Zen aux jeunes. Malgré son âge, on murmurait qu’il était encore capable d’affronter n’importe quel adversaire.

samouraïUn jour arriva un guerrier réputé pour son manque total de scrupules. Il était célèbre pour sa technique de provocation : il attendait que son adversaire fasse le premier mouvement et, doué d’une intelligence rare pour profiter des erreurs commises, il contre-attaquait avec la rapidité de l’éclair.

Ce jeune et impatient guerrier n’avait jamais perdu un combat. Comme il connaissait la réputation du samouraï, il était venu pour le vaincre et accroître sa gloire.

Tous les étudiants étaient opposés à cette idée, mais le vieux Maître accepta le défi.

Ils se réunirent tous sur une place de la ville et le jeune guerrier commença à insulter le vieux Maître. Il lui lança des pierres, lui cracha au visage, cria toutes les offenses connues – y compris à ses ancêtres. Pendant des heures, il fit tout pour le provoquer, mais le vieux resta impassible. A la tombée de la nuit, se sentant épuisé et humilié, l’impétueux guerrier se retira.

Dépités d’avoir vu le Maître accepter autant d’insultes et de provocations, les élèves questionnèrent le Maître :

Comment avez-vous pu supporter une telle indignité ?
Pourquoi ne vous êtes-vous pas servi de votre épée, même sachant que vous alliez perdre le combat, au lieu d’exhiber votre lâcheté devant nous tous ?

Si quelqu’un vous tend un cadeau et que vous ne l’acceptez pas, à qui appartient le cadeau ? demanda le samouraï.

A celui qui a essayé de le donner, répondit un des disciples.

Cela vaut aussi pour l’envie, la rage et les insultes, dit le Maître. Lorsqu’elles ne sont pas acceptées, elles appartiennent toujours à celui qui les porte dans son coeur.